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vendredi 3 avril 2015

Filou ne fera plus joujou !

C’est con la vie ! Hier soir tu te pavanais devant chez nous. Dans l’embrasure de la porte Myrtillou te regardait. Paëlla se faisait caresser. La petite chatte noir, qui sourit tout le temps et qui fait la bise aux chiens, ronronnait. Un chat inconnu, noir tigré, dont nous ne connaissons pas le nom, te guettait sous la voiture en stationnement. Vanille, seule chienne du groupe, surveillait avec bienveillance ses amis félins. 

C’était une soirée tranquille et paisible, nous ne nous pressions pas d’aller dîner tant nous étions bien tous ensemble.

Filou, Vanille & Jacky

Ce matin ton gentil papa Jacky, qui ressemble à Monsieur Propre, nous a annoncé ton décès. Tu t’es fait écraser la tête par une voiture devant chez toi. Il paraît que c’était horrible à voir.

Je suis bouleversé. Depuis trois ans tu faisais partie de notre quotidien. Jacky t’avait trouvé nouveau né, tapi dans un collecteur d’eau de pluie près de la résidence des Pervenches. T’étais à demi mort de faim, les yeux encore collés. Jacky t’a immédiatement adopté. Il t’a nourri au biberon, jusqu’à huit fois par jour. De bébé chat tu es devenu chaton puis jeune chat. Jacky t’a élevé avec tout l’amour et le respect que l’humain doit à l’animal. Tu n’étais pas un chat ordinaire. T’étais le rouquin de Jacky. Tu le suivais sur les bords de Loire comme l’aurait  fait un chien fidèle. Jacky te laissait aussi sortir quand tu voulais et tu en profitais bien.

T’étais devenu un vrai sirop du macadam. Aventureux jusqu’à te faire enfermer dans le Jésus Club (pardon l’église).  Je me souviens que plusieurs fois ton papa est venu nous trouver pour que nous te libérions. Ça sert aussi à ça de posséder la clef d’une église. D’autre fois tu te faisais enfermer chez Guy ou ailleurs. Ta curiosité était extrême et tu avais le goût de l’aventure.

 Nous te croisions tous les jours, plusieurs fois par jour. Tu te laissais approcher par Vanille. Parfois Vanille te courait après pour rigoler, c’est dans la logique des choses les chiens courent après les chats qui courent pour échapper aux chiens. Toi tu n’avais même pas peur, tu savais bien discerner les méchants des gentils.




Mais ce matin,  tu n’es pas revenu de ta promenade matinale. Peut-être as tu été gêné par les ouvriers qui rénovent ta  cage d’escalier. Peut être es tu ressorti brutalement sur la rue. L’automobile qui t’a écrasé roulait-elle trop vite ?  Elle ne s’est pas arrêtée après t’avoir écrasé…

C’est con la vie.  Tu nous manques déjà. La Loire est parfois assassine pour ceux qui s’y mouillent. Faut-il qu’elle le soit pour ceux qui se promènent non loin de ses rives ?

Je repense au deux premières strophes de la chanson Le petit chat est mort de mon copain Renaud Séchan. Ça te correspond vraiment.

Va donc pas pleurer

Y s'baladait peinard

Il avait pas d'collier

Il était libre d'aller

Et d'rev'nir pour bouffer

Il était même pas prisonnier
De ton amour insensé

T'aurais quand même pas
Voulu qu'y vive comme un con
Sur le canapé
Loin des gouttières des pigeons
C'était un aventurier
T'aurais pas voulu qu'on l'attache
Y t'aurait miaulé : "Mort aux vaches !"




Ce soir je pense à toi Filou, à Jacky et à sa gonzesse qui vont avoir beaucoup de mal à s’endormir.


Monsieur Chat par Thoma Vuille sur un mur d'Orléans en 2015. Photographie ÉCÅ

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