Sida, la peine et le sursis le nouveau livre de François Guéroult (Editions Infimes) paraît le 11 avril 2019. C’est un roman historique concernant une histoire toute récente, le 1er procès du sida devant une cour d'assises. C'était à Orléans, en 2008. Postface rédigée par Éric Chapeau-Åslund (mézigue pour les niaiseux !)
Les
pères ont mangé des raisins verts, et les dents des enfants en ont été agacées. Jérémie 31 :29
Nul
besoin d’une guerre pour démasquer les salauds, une épidémie suffit.
La
pandémie du sida se révèle quelques années après l’éradication de la variole
(1976) à une époque où la médecine se glorifie de sa toute-puissance, certaine
de pouvoir dans un avenir proche éradiquer les grandes maladies infectieuses et
le cancer.
Elle fait entrer le mot gay dans notre
vocabulaire là où nous parlions d’homosexuel, d’inverti et plus communément de
tapette ou de pédé. Le sida fut d’abord appelé cancer gay avant qu’on ne
s’aperçoive qu’il concernait d’autres groupes de populations et qu’on ne le
baptise maladie des quatre « H » pour homosexuel, hémophile, héroïnomane et
Haïtien.
On
ne disait que très rarement la vérité au patient dans le cas de maladies au
pronostic inéluctable. Les médecins prirent le parti de révéler aux patients
souvent jeunes, la nature du mal qui les affectait. Le patient atteint de sida devenait
responsable de la contamination sexuelle ou sanguine de ses proches ou de ses
partenaires.
Les
nouvelles scientifiques se propageaient instantanément relayées par les grands
médias. Les patients les apprenaient en même temps que les professionnels de
santé. Ils devenaient des sortes de « sachants » experts de leur maladie
dépossédant d’autant les soignants de leur pouvoir. La relation soigné-soignant
en fut à jamais transformée.
On
en laissa beaucoup crever la bouche ouverte dans l’opprobre qui s’ajoutait à la
cruauté de la maladie.
Des
stars révélaient leur maladie et leur homosexualité puis s’éteignaient,
hystérisant le débat.
Rapidement
se constitua un puissant front commun en grande partie constitué d’homosexuels
issus du monde des Arts et des Lettres qui se connaissaient car ils avaient
milité dans les mouvements de libération homosexuels.
Ce
lobby inventa des droits pour les patients atteints par le VIH, droits qui
s’étendirent à tous les patients par la suite. Il s’opposa avec fermeté à ceux
qui voulaient créer des lieux destinés à enfermer les victimes du sida.
Mais
ce lobby se désintéressa des quartiers ou la contamination par drogue
injectable faisait des ravages, il se désintéressa aussi des victimes du sang
contaminé et de la population subsaharienne particulièrement vulnérable dans un
contexte religieux ou culturel qui jetait l’anathème sur le préservatif. Pire
ce lobby nia l’existence ou combattit certaines organisations anti sida tout à
fait honorables au motif inavouable qu’elles n’étaient pas issues du monde
homosexuel.… Ils se gavèrent avec l’argent des soirées de solidarité et en
perdirent une partie de leur âme.
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